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MON APPROCHE DE L’ENFANT INTÉRIEUR : ÊTRE SOI.

Partie 3 sur 3

Nous ne sommes pas voués à garder ces souffrances isolées indéfiniment, ni et à nous couper de part de nous, traumatisés. Notre intelligent fonctionnement nous permet de reprendre le cours de notre vie en isolant cette bombe de douleur, que nous ne parvenons pas à gérer sur le moment, dans notre inconscient, attendant patiemment que notre maturité nous permette de la récupérer pour la prendre en charge, en conscience.

Quand j’accompagne une personne à aller à la rencontre d’une de ses blessures, c’est une histoire d’amour, d’elle à elle-même. À l’origine la blessure intérieure fait partie de l’être, elle est donc à la hauteur de la sagesse de l’être, quel que soit l’âge où la blessure apparaît. Elle a seulement été isolée, intelligemment, le temps que la personne choquée ou en souffrance ou trop jeune, puisse la rassurer, la consoler et donner sens à ce qui s’est passé.

Le monde invisible/inconscient est tellement plus riche, tellement plus simple et puissant que le monde logique, rationnel, matériel… Ils sont aussi importants l’un que l’autre car nous sommes un tout. Mais lorsque nous passons en état modifié de conscience, en nous, tout devient possible.

En nous-mêmes, les yeux dans les yeux, de cœur à cœur… tout se répare, tout se rassemble, tout retrouve sa place. La blessure n’attend qu’une chose. Ce fragment de nous, isolé de notre être, n’attend qu’une chose : revenir au centre, retrouver sa place, telle une pièce de puzzle dans notre cœur, tout simplement.

On me demande souvent « Comment cela fonctionne ? »

Je ne parlerai que de ma méthode, tout simplement parce que je ne connais pas les autres. Mais je sais que de nombreux chemins existent, et heureusement.

Je pourrais écrire chaque séance, en faire un protocole, mais là je ne serais qu’au service du mental. C’est plus subtil qu’un protocole à suivre.

Comment je fais concrètement ?

Je place ma conscience au service d’une personnalité, m’adaptant aux nouvelles règles de l’infinie puissance de l’immensité de son cerveau, de son inconscient, de son être.

J’ai une confiance immense en cette personne. Je la soutiens telle une barque sur les rivières de l’inconscient. Je suis comme un fil conducteur, une présence ; ma seule et unique mission est l’amour pour cette personne et pour cette blessure isolée qui cherche son tout depuis si longtemps.

L’amour est plus fort que tout. La confiance en est sa manifestation.

Encore plus concrètement ?

Après une conversation, nous nous intéressons à la souffrance, au sentiment désagréable.

Une fois située dans le corps, la personne accueille cette souffrance, pour une fois ne pas la taire, ne pas la fuir, mais marcher à sa rencontre en lui demandant : qui es-tu ?

Je sais que cette souffrance est une sorte de bulle, de bouclier, de l’enfant blessé, comme son unique rempart, comme si l’intention de fuite, de cri, de rage, de violence que la personne a ressentie lors du drame, avait figé autour d’elle une cage de verre pour se protéger et pour protéger tout le système, mais l’isolant de tout le reste.

Une fois cette souffrance contactée, il n’y a plus qu’un pas à faire pour entrer en relation avec l’enfant, si c’est le bon moment, et en général c’est le bon moment. Comment le sait-on ? C’est assez simple en réalité. Si ce n’est pas le moment, si la bulle qui entoure la blessure ne sent pas la personnalité assez mature, elle ne se montre pas, elle reste inaccessible. Et l’adulte n’a pas accès à la part de lui souffrante. Cela indique qu’il y a une autre blessure à prendre en charge en priorité, cela peut aussi indiquer un mental trop envahissant (qui pour moi, est aussi une blessure qui se protège en maintenant le contrôle).

Ce n’est pas toujours simple, surtout les premières fois, cela peut être impressionnant car nous entrons dans le monde des symboles, des rêves, de l’imaginaire, tout y est possible. Il faut alors garder son encrage, son alignement, ne pas se laisser embarquer dans tous les sens, c’est pour cela qu’il est préférable d’être accompagné(e).

Même si la plupart du temps c’est une belle aventure, il arrive que parfois, ces fragments d’être, ces enfants/ados/adultes intérieurs en souffrance soient restés bloqués dans leur cauchemar. Comme dans une boucle sans fin, ils ne réalisent pas toujours tout de suite que la porte de la libération s’est ouverte.

Parfois aussi, c’est l’adulte qui n’aime pas ce qu’il voit, l’enfant/l’ado/l’adulte en souffrance  l’impressionne, il en a peur, il a du mal à s’approcher.

Parfois c’est le lieu qui est véritablement sordide… digne d’un film d’horreur ou du pire de nos cauchemars.

Parfois encore c’est le mental qui essaye de tout rationaliser, comme ce n’est pas son langage, il ne laisse pas la place pour agir. Il faut alors lui laisser le temps de comprendre comment cela fonctionne.

Le rôle de l'accompagnant dans tout ça ?

Pour le dire simplement… c’est d’aimer comme une sorte de parent temporaire, de maintenir le lien le temps que l’adulte et le fragment de l’être blessé se souviennent l’un de l’autre, qu’ils se reconnaissent et que l’amour les libère.

Tel un médiateur de l’être, l’accompagnant doit rester le plus discret possible, aligné en soi et de cœur à cœur avec la personne, en prenant soin de ne pas ébranler le mental, tout en douceur et à son rythme.

Comme une sage-femme des retrouvailles…

Pourquoi je sais que cela fonctionne, pourquoi j’ai cette foi inébranlable ?

Parce que je suis allée moi-même chercher mes enfants… oh pas tous, j’ai encore du travail ! Ne dit-on pas qu’il faut toute une vie pour se remettre de son enfance ? Et croyez-moi, je n’ai pas choisi l’enfance la plus facile ! Il me fallait ce chemin pour en faire mon métier, pour pouvoir être en résonance, en empathie.

Je suis donc allée en chercher plusieurs, au début seule, puis de plus en plus souvent accompagnée.

MON PREMIER ENFANT INTÉRIEUR QUE J'AI LIBÉRÉ.

Ce qui est drôle, c’est que je ne supportais pas d’entendre parler d’aller rencontrer son enfant intérieur. Je trouvais cela étrange, presque puéril et soyons clairs, pour rien au monde je n’aurais voulu retrouver mon enfance.

J’avais la fausse croyance que c’était une démarche pour redevenir fragile, immature, naïf, donc cela ne pourrait que me mettre en danger. Je n’ai donc jamais fait de régression ou de travail vers mon enfant intérieur. Mais pendant mes années d’études pour devenir sophrologue thérapeute, plusieurs fois des enfants intérieurs se sont manifestés lorsque j’étais en état modifié de conscience. Je notais leurs informations, leurs conseils, mais je n’allais pas plus loin.

Un jour pourtant, 

L’un de mes enfants intérieurs ne me laissera plus le choix de les ignorer plus longtemps !

J’étais allée loin des miens, sur l’île de la Réunion (ce nom est fort en symbolique pour moi maintenant) pendant une formation, pour devenir TAO animateur lors de la structuration de cercle cœur de l’UDN, (l’université du nous). Que de symbolique !

Lors de ce voyage, j’ai commencé à me poser des questions nouvelles, à faire des rêves complexes et très forts. Je sentais que quelque chose était en train de changer en moi, mais je n’avais que la sensation d’un puzzle qui se met en place jour après jour.

Lors de l’animation d’un stage, sans prévenir, je fus soudainement incapable d’animer la partie corporelle du stage. Moi qui ne lâchais jamais rien, j’étais dans l’incapacité émotionnelle de tenir mon engagement, c’est une autre personne qui a animé ce cours.

Comme tous les autres je suivais les instructions de l’exercice, mais je n’y étais pas vraiment. Il fallait trouver le mouvement juste. Plusieurs fois je sentis un mouvement juste, toujours le même : mon bras levé en l’air ! (Cela me rappela qu’enfant/ado je restais souvent le bras bloqué dans cette position, naturellement, en regardant la télévision, je mettais un certain temps avant de réaliser cette étrange posture).

Je faisais de mon mieux pour suivre l’atelier corporel, mais consciente que quelque chose était en train d’émerger, je profitai de la proposition de l’animateur de nous bercer, debout, les yeux fermés sur une musique douce, pour plonger en moi-même, en état modifié de conscience.

À l’intérieur il faisait sombre,

 J’entendais des bribes de phrases que ma mère me hurlait quand j’étais enfant. J’étais surprise d’entendre ses phrases. J’avais beaucoup travaillé sur mon enfance et ces mots n’avaient plus de prise sur moi, j’avais compris… j’avais déjà tout compris… pourtant je sentais monter un désespoir terrible, une frayeur immense suivis d’une grande colère. Je me dis à moi-même quelque chose comme : Mais c’est bon !  J’en ai marre maintenant ! J’ai fait le tour ! Je ne vais pas changer mon passé, ce qui est arrivé est arrivé, je n’y peux rien !

À ce moment-là, je perçus de ma poitrine jusqu’à mon nombril un puits « horrible » ! et au fond de ce puits, les ongles arrachés à force d’essayer d’en sortir, moi, petite ! Mais une moi vraiment pas jolie ! Inquiétante, repoussante.

Alors que j’aurais dû avoir pitié d’elle, entendant encore et toujours les hurlements injurieux de ma mère en arrière-plan, la colère redoubla et prit toute la place et je dis à cette enfant : Laisse-moi tranquille ! Je m’en suis sortie moi, je ne peux plus rien pour toi !  Mais, juste à ce moment-là mon regard croisa le sien, et je restai pétrifiée des mots cruels que je venais de prononcer. Simultanément je reconnus que je n’avais aucun moyen de la sortir de là, j’avais tout essayé et je ne voulais pas passer le reste de ma vie à pleurer sur mon enfance. C’était comme pour me sauver que je devais l’abandonner pour de bon ! Alors j’ai lâché prise, j’ai avoué ma défaite, j’ai abandonné pour de bon, machinalement j’ai sorti une grosse pierre en quartz rose de ma poche (achetée par hasard la veille) et je l’ai posée sur mon cœur comme pour me réconforter.

Triste, je la contemplais ne sachant que faire de plus. Son regard me suppliait. Je ne pouvais rien pour elle, il aurait fallu qu’elle puisse sortir toute seule, qu’il y ait une porte en bas qui s’ouvre, me dis-je. Quand soudain, une porte en bas du puits s’ouvrit ! La lumière entra d’un coup dans les ténèbres, si puissamment que la fillette en fut éjectée ! Cela se passa très vite. Au contact de la lumière, elle se transforma et redevint une jolie petite fille. Elle plongea dans le quartz rose que je tenais toujours, puis dans mon cœur.

Alors, à ce moment précis où elle retrouva sa place dans mon cœur, sept ans de ma vie me revinrent d’un coup ! Sept ans que ma mémoire avait en partie dissimulés. Reconnectée avec mes souvenirs de petite fille, j’ai beaucoup pleuré, je pleurais pour elle, mais du coup je pleurais pour moi-même. C’était des larmes de soulagement, car c’était fini, elle était enfin en sécurité. Je comprenais enfin sa souffrance, elle comprenait tout le travail que j’avais fait sur moi-même pour nous, cela donnait sens à ses souffrances et ça la libérait. Ces phrases (de sa mère) n’étaient pas vraies, elles n’avaient rien fait de mal.

Je sentis tant d’amour pour elle, je sentis tout son amour pour moi… tant d’amour de moi à moi-même. Là dans mon cœur, plus personne ne pourrait lui faire de mal, nous avions trouvé le moyen de changer son/mon sort.

Voilà pourquoi je me concentre sur cette méthode.

J’ai compris que nous avions le pouvoir d’aller chercher nos enfants, nos fragments d’être blessé en nous-mêmes, même ceux que nous avions oubliés, même ceux que nous pensions avoir déjà sauvés, même ceux qui nous font peur.

Aujourd’hui, c’est comme si j’avais un pouvoir magique, une sensibilité particulière, je suis en amour pour tous ces enfants terrorisés, seuls, qui cherchent à être secourus. Lorsqu’un adulte souffre, est en colère, se malmène, n’a pas confiance en lui ou est gonflé d’orgueil, de puissance d’égo, j’entends pleurer ses enfants enfouis à l’intérieur de lui.

Quand on expérimente ce processus, on ne peut plus douter, cela devient une évidente libération, car en nous-mêmes tout est d’une subtilité, d’une finesse d’esprit, d’un raffinement incroyable. En nous-mêmes, nous sommes au plus proche de toute perfection. Pour ceux qui sont croyants, vous y trouverez votre être, Dieu, l’univers. Pour ceux qui ne sont pas croyants, vous y trouverez votre magnificence. Mais pour tous, vous y retrouverez vos enfants/ados/adultes intérieurs, ceux qui sont dans leur puissance et ceux qui sont blessés. Ils auront toujours les mots justes, car ils sont nous-mêmes. Qui nous connaît mieux que nous-mêmes ? Et qui peut nous sauver mieux que nous-mêmes ?

L’enfant avant les tourments de la vie, avant le formatage, l’être qui vit en nous avant d’être fragmenté, est beau au-delà de toute mesure. Nous sommes la perfection et nous ne voulons qu’une chose, avoir le droit d’être nous-mêmes. Voilà ce qui nous rend heureux, tout le reste n’est que diversion. Nous voulons être nous-mêmes et être aimés pour qui nous sommes.

Alors commençons par aimer tous les enfants que nous croisons pour qui ils sont.

Apprenons à aimer tous les enfants à l’intérieur des adultes que nous côtoyons pour qui ils sont.

Apprenons à aimer nos blessures, nos enfants/ados/adultes intérieurs pour ce qu’ils sont.

Plus nous nous rassemblerons, plus le puzzle se reconstruira, plus nous serons réellement nous-mêmes, libres et heureux d’être qui nous sommes. Au-delà de la résilience, au-delà de retrouver notre joie de vivre, nous nous sentirons légitimes. Nous serons de plus en plus l’être que nous sommes et nous ferons profiter de plus en plus au monde notre couleur unique.

Julie Marie Lanvin, La Falotière de Conscience

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Cette publication a un commentaire

  1. Clem

    Super intéressant merci !

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