Apprendre à écouter avec le cœur en cinq questions et en dix minutes.
Écouter avec le cœur peut sembler enfantin, même si de nos jours, nous avons découvert des neurones au niveau du cœur (comme dans le ventre d’ailleurs) et que la science commence à expliquer ce que nous savons tous intrinsèquement.
L’intelligence du cœur existerait-t-elle ?

On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux.

Le Petit Prince de Saint-Exupéry.
Vous avez souvent entendu parler de l’intelligence du cœur, de l’importance de faire les choses avec cœur, de la grandeur des sentiments et de leur impact dans une relation.
J’ai été ravie de découvrir qu’une méthode existait, celle-ci s’appelle « écouter avec le cœur ». Je vais vous la décrire en cinq étapes.
Il s’agit d’une méthode pouvant s’appliquer à tout le monde : en famille, avec nos amis et même avec nos collègues.
Vous savez, ces moments où les gens que nous côtoyons traversent des tensions, des orages ou des perturbations, et que nous voudrions les aider ou tout du moins ne pas aggraver la situation.

Sauf que l’on ne sait pas toujours comment tendre la main de notre oreille bienveillante.
Nous pouvons avoir tendance à donner des solutions, à chercher à arranger la situation ou à éviter la conversation, car tout simplement nous ne savons pas quoi dire… par exemple quand quelqu’un fait face à un deuil… que dire ? Nous pourrions penser que parler de travers pourrait faire plus de mal que de bien, et c’est bien souvent le cas. D’un autre côté, laisser l’autre en peine dans son silence n’est pas agréable non plus !
S’il vous est déjà arrivé de vous retrouver dans une situation similaire… bloquer, ne sachant que faire pour aider l’autre dans son épreuve, cet article vous intéressera sûrement.
Partagez votre expérience en commentaire.
Et si ce n’était pas important de régler le problème de l’autre ? Ou de savoir quoi dire ?
Reprenons confiance en nous et en nos semblables, apprenons ensemble à être la présence qui leur permette de retrouver leur propre voie, leur propre force intérieure, soutenus par notre écoute de cœur à cœur.
Vous me direz peut-être que nous ne sommes pas tous des thérapeutes ! Alors permettez-moi, le temps de cet article, d’en douter… Si nos croyances, notre intelligence et nos projections ne sont effectivement pas toujours des bons thérapeutes, je pense que notre cœur lui, en est un excellent !
Encore faut-il savoir comment le laisser se mettre *au service.
C'est ce que je vous propose de découvrir dans ces 5 points applicables en + ou - 10 minutes
Cette méthode est celle de Marian Stuart et Joseph Lieberman, psychiatre et psychothérapeute.
Ils l’ont confectionnée en étudiant l’échange relationnel entre des médecins et leurs patients, médecins qui, malgré la surcharge de visites, restaient particulièrement appréciés pour leur qualité d’écoute.

Cette méthode pourrait permettre à tout un chacun, sans avoir besoin d’être psychiatre ou thérapeute, d’améliorer considérablement sa capacité d’écoute, notre rapport aux autres.
Cinq étapes pour se rapprocher de ceux qui comptent le plus, enfants, conjoints, parents, collègues… comme nous n’avons jamais appris à le faire.
Et comme un bonheur ne vient jamais seul : en approfondissant nos relations, en devenant « l’aide du cœur », nous ouvrons le nôtre pour vibrer sur la même onde, il y a donc de fortes chances pour que nous nous soignions nous-mêmes au passage. Car les cœurs ont beaucoup de capacités et l’une d’elle est d’entrer en résonance avec le cœur de l’autre. Comme un écho, la douleur suivie du soulagement de l’autre, nous répare en retour.

Les Questions de l'ELFE
Q. E. L. F. E. Le moyen mnémotechnique : poser les Questions de l’ELFE. Cinq questions qui se succèdent dans un temps assez court. Un elfe pour faire passer d’un état d’être à un autre.


N°1 La question..." Q "
Q : Que s'est-il passé ?
La question « que t’est-il arrivé ? » permettra à la personne qui souffre d’entrer en connexion avec vous. Vous tendez une main, vous offrez du temps, et vous vous intéressez à elle… Elle pourra alors vous raconter ce qui lui arrive, ce qui lui fait du mal.
Stuart et Lieberman expliquent qu’il n’est pas indispensable d’entrer dans les détails, l’important est d’écouter vraiment sans interrompre et sans interprétation.
(imago, régulation, CNV et autres, parleraient d’écoute emphatique, ne pas faire de supposition, ne rien prendre personnellement et si besoin, demander des faits).
Cela devrait durer idéalement trois minutes à peine, pour éviter que la personne en prise avec sa douleur ne se perde dans les détails car l’elfe lui, cherche à libérer les émotions. Il faut donc vite passer à la question n°2.


N°2 La question..." E "
E : Émotions
Cela pourra souvent paraître déplacé.
« Lorsque Paola m’explique que son fils de vingt-deux ans l’a plaquée contre le mur, qu’elle a eu peur et qu’il a donné un coup de poing dans le mur juste à côté de son visage… j’ai l’impression d’avoir déjà ma réponse : la peur.
Mais je lui pose tout de même la question E… « Et qu’avez-vous ressenti quand c’est arrivé ? « Sa réponse ne fut pas du tout celle que je pensais. Paola, à ce moment-là, a ressenti une sensation d’échec, elle n’a pas su garder le lien, son fils souffre, bouillonne et elle est impuissante, voire pire elle lui inspire de la colère. Elle ne sait plus le bercer. »
C’est à ce moment-là que les larmes commencent leur travail. Les émotions restaient jusqu’à présent enfouies, invisibles, hurlant d’un cri sourd et pourtant assourdissant pour le système interne…

Vient l’heure de la plus importante des cinq questions… la N°3

N°3 La question... " L "
L : Le plus difficile
Qu’est-ce qui a été Le plus difficile pour vous ?
Encore une fois, on pourrait avoir l’impression de s’acharner… de paraître insensible. N’est-ce pas évident ?
Pour ne pas se noyer dans les émotions, il faut plonger en apnée, aller au centre des larmes… au cœur de la douleur.
C’est seulement au fond de la piscine qu’on peut donner le coup de pied pour remonter à la surface. Pour prendre un nouveau souffle, il faut accueillir la souffrance telle qu’elle se montre.
« Paola, qu’est-ce qui a été Le plus difficile pour vous ?
Je savais qu’il ne me ferait pas de mal mais ce qui m’a fait le plus mal, c’est de ne pas avoir la force de me dégager. Je me suis sentie si fragile et lui si fort. Je ne pouvais rien faire pour lui. Sa puissance me tenait à distance, comme pour me dire, tu ne peux plus rien pour moi, regarde comme je suis devenu… »
Sans la question L, je n’aurais jamais pensé à ça. L est magique. Elle permet à celui qui souffre de prendre conscience de l’enjeu. Elle permet de rassembler son esprit sur ce qui est fondamental, alors que seul(e), choqué(e) et triste, il est facile de se tromper « d’ennemi ».
Dans ma démarche pour retrouver notre enfant intérieur et guérir des traumatismes du passé, c’est à cet endroit que nous trouvons « la grotte », « l’accès vers notre enfant en souffrance » quand quelque chose nous fait mal et que l’on n’arrive pas à s’en remettre, c’est souvent parce que la situation que nous sommes entrain de vivre entre en résonance avec une blessure beaucoup plus lointaine.
« J’ai moi-même expérimenté la question L. C’était un entretien avec un professeur spécialiste de la Chikungunya lors de notre premier entretien après cinq ans de souffrances inexpliquées, où j’entendis les mots libérateurs (chroniques, vous êtes nombreux, c’est normal, voilà ce qui va vous aider…).
à un moment donné, il m’a posé la question L :
« Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous ?«
Il me semblait évident que le plus difficile pour moi étaient ces atroces douleurs partout dans mon corps, l’injustice quand elles se redéclenchaient telle une punition, sans comprendre ce que j’avais bien pu faire pour qu’elles reviennent. Or mon cœur a donné une réponse que j’ignorais moi-même. Et je me suis entendu dire : « du jour au lendemain je n’étais plus capable de porter ma fille ».
Les larmes me sont montées aux yeux et j’ai réalisé a quel point j’étais devenue fragile dans mon rôle de mère, sans le père pour prendre la relève, à être dans l’incapacité de courir derrière elle en cas de danger, à ne pas pouvoir la porter lorsqu’elle s’endormait sur le canapé… et toutes les autres choses que je ne pouvais plus faire remontaient à la surface comme un cachet d’aspirine… l’émotion était bien là et je réalisais à quel point je souffrais de ça bien plus que du reste.
L’abcès était crevé, je ne m’aimais pas souffrante, à me plaindre, je ne voulais pas être une victime mais là d’un coup, la maman en moi qui ne pouvait plus être aussi puissante qu’avant pour protéger ses petites était apparue.
Lorsque cette simple phrase est sortie de ma bouche, c’est comme si c’était une autre qui parlait. Moi Julie, je me suis sentie soulagée, enfin j’accueillais quelque chose de nouveau, de plus juste, comme si je comprenais enfin d’où venait ma réelle souffrance, libérant ainsi le poids que je posais sur mes souffrances physiques. Je passais à autre chose… enfin. »


N°4 La question..." F "
F : Faire Face
Qu’est-ce qui vous aide le plus ? À Faire Face
Quand la personne en souffrance connecte avec l’émotion principale, quand c’est la réelle blessure qui se montre, qui s’exprime, qui se rend vulnérable, on peut lui proposer de prendre conscience qu’il existe déjà probablement autour d’elle ou en elle-même quelqu’un, ou quelque chose, qui peut l’aider à s’en sortir.
Et c’est bien là en réalité la seule chose que nous pouvons faire, notre aide consiste à les soutenir dans cette prise de conscience. Bien sûr, de temps en temps nous pouvons être nous-mêmes cette aide… mais même si c’est le cas, c’est à l’autre de nommer, de trouver, et de conscientiser sa solution. C’est lui rendre son pouvoir, sa capacité de s’en sortir. Cela fait partie du processus de la reprise de confiance en soi.
J’ajouterais ceci : quand la solution vient d’eux, de leur cheminement intérieur, c’est juste, ça leur appartient, le chemin est à moitié fait, la conscience prend la relève. Alors que si nous apportons nous-même la solution, elle sera traitée par l’intelligence et restera une pensée extérieure.
Aider l’autre à grandir ou à sortir de la souffrance, c’est l’aider à conscientiser qu’il a toutes les ressources nécessaires. Il faut juste être l’aide qui permette la délivrance de cette solution, par notre présence confiante et bienveillante.
Je suis convaincue que la véritable résilience appartient à la personne qui souffre, nous ne sommes que les « sages-femmes » de cette résilience.

Pour résumer.
Il y a ces cinq questions, qui sont une force pour nous, pour oser rencontrer l’autre dans sa souffrance et ouvrir quelques portes pour que celle-ci s’expose. Notre attitude est de ne presque rien faire, de rester centrer sur l’autre et confiant en lui, de demeurer bienveillant face aux larmes, tout en nous souvenant que nous n’avons pas à avoir la solution. L’être en face de nous est puissant au-delà de toute limite, il nous surprendra si nous lui laissons son pouvoir intérieur. Juste l’accompagner au lieu de lui proposer des solutions les unes après les autres ou de se charger d’un problème qui en général ne fait pas partie de notre expérience directe, donc qui ne nous appartient pas.
Le terreau de la solution se trouve en la personne-même qui vit son cauchemar. Les larmes en font sortir la graine de la souffrance, et cette réelle souffrance se montrant ainsi au soleil de la conscience fera naître la fleur du soulagement.
« Paola réalisa que son fils avait besoin d’une aide autre que la sienne et que le parrain de son fils, qui voulait depuis un moment le prendre en vacances pour passer du temps avec lui, était une solution qu’elle n’avait pas vraiment considérée jusqu’alors. »
« Quand je pris conscience que ma réelle blessure était de ne pas porter ma fille (qui avait bien grandi entre-temps), de retour a la maison, je me suis assise et je lui ai demandé de s’assoir sur mes genoux pour lui faire un câlin. J’ai réalisé à quel point elle n’osait pas me toucher, poser son poids sur moi, elle me percevait comme fragile. Alors nous en avons parlé en famille et nous avons commencé à faire des activités physiques ensemble… et moi à marcher tous les jours, pour retrouver ma forme physique. »


N°5 La question... " E "
E : Empathie
L’empathie ou comme nous disons dans les parties de Tao, le feedback.
Exprimer avec des mots sincères ce que l’on a ressenti en écoutant l’autre (en ne parlant que de soi).
Grâce à ces cinq questions, vous avez partagé, fait résonance avec le lourd fardeau de cette personne qui s’est confié, qui vous a ouvert son cœur.
Votre Empathie lui permet de savoir que vous l’avez bien compris(e), qu’elle n’est pas folle, ou stupide…. et surtout qu’elle n’est pas seul(e). Ça lui permet d’avoir votre vision de ce qu’elle/il vit, car elle/il repartira avec son fardeau ou sa solution à mettre en place, mais pour vous votre rôle s’arrêtera là.
quelques mots très simples suffisent
Par exemple : ça doit être dur pour toi… je suis désolé(e) de ce qui t’est arrivé… j’étais ému(e) en t’écoutant…
Comme j’aime à le dire : nous sommes tous des enfants dans des corps d’adultes qui veulent être aimés.
Face à la douleur, nous voulons être compris, rassurés par la présence d’un autre qui nous comprend sans jugement.
La communication émotionnelle est un long chemin, accordez-vous le droit de ne pas avoir les solutions au(x) problème(s) de l’autre. En règle générale, il a plus besoin de votre empathie qu’autre chose. Nous ne sommes pas parfaits, nous ne sommes pas des sages en lévitation, nous sommes de simples êtres humains, nous avons le droit de ne pas toujours savoir quoi dire ou faire. Mais en tant qu’humain, nous sommes aussi des êtres incroyablement puissants, reliés à notre cœur, à notre conscience. Grâce à la bienveillance, nous sommes la meilleure version de nous-mêmes et ces cinq questions peuvent nous aider à oser être à l’écoute, là où la souffrance frappe.

En IFS une phrase m’a beaucoup aidée : le Self appelle le Self. En français cela donnerait : notre conscience la plus élevée attire la conscience la plus élevée de l’autre. Cela est à mettre en lien avec la vibration énergétique de nos cœurs, avec les battements de nos cœurs, notre respiration, nous sommes un tout et tout cela est puissant au-delà de ce que nous le comprenons actuellement dans notre science.
Au-delà de nous-mêmes, dans le don de soi, nous pouvons apaiser les cœurs brisés. Nous pouvons oser offrir ‘qui nous sommes’ pendant un instant.
Nous avons la faculté d’être de cœur à cœur.
Julie Marie Lanvin
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